En passant

Kampot et sa région

Connaissez-vous le poivre de Kampot ? C’est un des meilleurs du monde, et il pousse au Cambodge. On est partis sur ses traces.

On continue notre route vers le sud du Cambodge, à Kampot, au bord du golfe de la Thaïlande. Les alentours de la ville sont très verdoyants, d’autant que la mousson est bien installée, et que le riz tout fraîchement planté a déjà bien poussé. On se balade à moto : on adore rouler sous la pluie et les orages !

Angkoul : joli village de pêcheurs

Notre première halte est un petit village de pêcheurs en bord de mer. On trouve même une petite plage où on s’arrête pour manger dans un bungalow, pour se protéger dans un premier temps du soleil, et par la suite pour nous abriter d’une pluie d’orage.

Le poivre

La région de Kampot est reconnue dans le monde entier pour son poivre. Elle a même son IGP (Indication Géographique Protégée). Les producteurs se regroupent sous forme de coopératives pour exporter vers l’Europe entre-autres.

Le poivre est une liane qui s’enroule autour d’un grand tuteur en bois. Dès qu’on arrive sur les exploitations, l’odeur caractéristique du poivre est omniprésente. Les fruits sont sous forme de grappes, d’abord verts puis rouges quand ils mûrissent. Il existe 3 types de poivres qui sont produits de manière différente, ce qui leur procure des saveurs variées, avec chacun ses plats de prédilection :

le poivre noir : il est récolté au bout de quelques mois sous forme de grains verts. Il est ensuite séché au soleil plusieurs jours, ce qui lui donne sa couleur noire et son aspect flétri. Il est ensuite trié et calibré à la main, pour ne garder que les meilleurs grains (les autres seront vendus sous forme de poivre moulu). C’est le plus polyvalent, il accompagne très bien les viandes rouges.

le poivre rouge : il est récolté à maturation sous forme de grains rouge-orangés. Il est ensuite séché quelques jours à l’ombre. C’est le plus subtil et le plus fruité. Il accompagne merveilleusement un fromage de chèvre, un gibier, ou même un dessert (on a goûté un cookie au chocolat et poivre rouge : un délice !)

le poivre blanc : il s’obtient à partir des grains rouge-orangés récoltés à maturation, et plongés dans de l’eau plusieurs jours pour que la pellicule rouge se détache. Il est ensuite séché au soleil, ce qui lui donne sa couleur blanc-jaune (le poivre de couleur blanche pure n’est pas obtenu naturellement). Il accompagne parfaitement les poissons notamment.

Kep et son marché

La spécialité de Kep, petite ville située non loin de Kampot, c’est le crabe aux pattes bleues, comme l’annonce une sculpture à l’entrée de la ville. On se rend sur le quai du marché au crabe, où ces petites bêtes sont entreposées vivantes dans des paniers plongés dans l’eau. On goûte le crabe au poivre, spécialité culinaire associant le meilleur des deux villes : succulent !

Le durian

Parmi les fruits d’Asie du sud-est, il en est un qui est bien particulier : le durian. Sa forme extérieure laisse penser à un croisement entre un ananas et un jackfruit. Mais c’est surtout son odeur qui est très caractéristique. Un mélange de poubelle et de fruit pourri qui, pour nous européens, est assez peu ragoûtant ! On a même vu des écriteaux « durian interdit » dans notre hôtel. Les asiatiques, eux, en raffolent. C’est le camembert d’ici !

Le Bokor

Cette station d’altitude est un peu particulière. A l’abandon depuis plusieurs décennies, elle ressemble plus aujourd’hui à un décor de film d’horreur, même si des travaux de restauration sont en cours. On a eu beaucoup de « chance » : un épais brouillard et une pluie incessante nous ont accompagnés pendant toute notre visite, renforçant cette impression de décor à la Hitchcock. L’apparition soudaine de la silhouette grisonnante et fantomatique de l’ancien casino au milieu des nuages nous donne encore la chair de poule…

La grotte de Phnom Chhnork

Toujours dans les environs de Kampot, nous sommes allés visiter la grotte de Phnom Chhnork. Elle abrite un ancien temple pré-Angkorien. A la lumière de nos lampes torches, on s’est un peu fait peur dans la grotte, au sol glissant, poussiéreux avec quelques a-pics, et aucun aménagement. Ouf ! on a pu rejoindre la sortie sans se blesser, mais bien sales !

Une jolie rencontre

Au hasard de nos cheminements dans la ville, nous rencontrons David, un cambodgien expatrié aujourd’hui aux États-Unis, revenu dans son pays pour des vacances.

Ancien professeur d’Anglais et de Français, nous avons pu échanger avec lui autour d’une bonne bière Angkor. Il nous a raconté sa vie à l’époque des Khmers rouges : habitant Phnom Penh, il a dû rejoindre la région d’origine de sa famille au moment de l’évacuation de la capitale cambodgienne. Il a mis plusieurs semaines pour effectuer le trajet à pied, laissant au bord de la route des dizaines de personnes qui ne pouvaient plus avancer par manque de nourriture et à cause de la fatigue.

Il est arrivé dans la campagne aux alentours de Battambang, où il devait cultiver la terre. Là aussi, la vie était très difficile avec une maigre soupe de riz par jour distribuée avant le couvre-feu (il était interdit de se faire à manger soi-même). Il a pu fuir en Thaïlande, puis, de là, émigrer aux États-Unis, mais reste bien entendu marqué par cette période, même s’il a plus insisté sur son optimisme et son envie d’aller de l’avant.

A partir de l’an prochain, il souhaite prendre sa retraite et continuer à voyager, peut-être même revenir dans quelques années enseigner dans son pays d’origine auquel il reste très attaché.

Un vrai moment de partage, qui nous a particulièrement marqué.

A bientôt,

Marjorie & Sylvain

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