Nouveau pays, le Cambodge, et nous commençons notre découverte par sa capitale : Phnom Penh, ville dynamique située au confluent du Tonlé Sap et du Mékong.
Une nouvelle fois, on change de langue et de monnaie, qui est officiellement le riel, mais les dollars américains sont utilisés partout. Dès le passage de la frontière, on s’en rend vite compte. On s’aperçoit aussi que la corruption et les petits arrangements des officiers de sécurité sont des fléaux bien ancrés dans les mœurs : on nous réclamera 1 dollar par-ci pour un tampon d’entrée, 2 dollars par-là pour un pseudo contrôle sanitaire (réservé aux étrangers, bien sûr), qui s’ajoutent au prix du visa, officiel celui-ci.
Le centre-ville
Le nom de la cité est tiré d’une légende selon laquelle Madame Penh aurait fait construire un temple sur une colline, Wat Phnom, pour abriter 4 statues de Bouddha trouvées sur le fleuve. On se rend d’abord sur cette fameuse colline, où a été édifiée une statue de la très chère Madame Penh. On visite ensuite le musée des beaux-arts, à l’architecture caractéristique des temples bouddhiques. On y retrouve de nombreuses statues du Bouddha et des figures de l’hindouisme avec Shiva, Vishnu et Brahma.
Puis, on se balade dans les grandes avenues de la capitale et découvre la statue de Norodom Sihanouk, ancien roi, considéré par le peuple comme le libérateur du pays, ayant permis son indépendance (représentée par un monument non loin de là).
On visite également quelques temples, tous très modernes, car ils avaient été rasés en grande partie par les Khmers rouges. Le Bouddha devait être très grand car il y a beaucoup de stupas , monuments abritant ses reliques 😛
Le palais royal
On remonte le quai Sisowath le long du Tonlé Sap pour arriver au Palais royal, demeure du roi actuel Norodom Sihamoni. Construit par son père Norodom Sihanouk, le palais abrite à la fois de jolis jardins avec de nombreuses essences d’arbres, et de multiples édifices politiques et religieux.
On retrouve ainsi la très luxueuse pagode d’argent dont le sol est composé de 5000 carreaux d’argent, pesant 1kg chacun. Elle renferme de très jolis Bouddhas, dont le fameux Bouddha d’émeraude, un Bouddha en marbre, et un autre doré.
On a également pu jeter un œil dans la salle du trône, richement décorée elle aussi, sur le modèle de la galerie des glaces à Versailles. Pas de photos possibles, il faudra nous croire sur parole !
La prison
Un peu d’histoire : qui sont les Khmers rouges ?
Pour mieux comprendre l’histoire du Cambodge, nous passons un moment dans un lieu emblématique de la prise du pouvoir par un groupe appelé « Angkar » ou encore le régime de Pol Pot. Cette période sombre a duré 3 ans de 1975 à 1978, et totalement bouleversé la vie des Cambodgiens.
Dans son histoire, le pays a subi de nombreux affronts, depuis l’invasion par la Thaïlande à l’Ouest, et par le Vietnam à l’Est. Après la chute de l’Indochine, le Cambodge accède à l’Indépendance officielle en 1954 grâce à Norodom Sihanouk, devenu roi.
Mais, le pays se retrouve une victime collatérale du conflit vietnamien à cause de la piste Ho Chi Minh, située à l’Est du Cambodge. Celle-ci sert au Vietminh du Nord Vietnam à acheminer armes et logistique aux Vietcongs dans le Sud Vietnam. De par sa position neutre, le roi Sihanouk est considéré comme « ennemi » des États-Unis et la région sera bombardée par ces derniers durant près de 10 ans, obligeant les populations cambodgiennes à fuir vers Phnom Penh, notamment.
Sihanouk est destitué en 1970 sous l’influence des Américains, qui font nommer le général Lon Nol, Premier Ministre. La résistance communiste s’organise dans les campagnes, encouragée par Sihanouk : c’est la naissance des Khmers rouges. En quelques années, ils mettent sur pied une armée financée, en partie, par la Chine. En 1975, le gouvernement de Lon Nol est renversé par les Khmers rouges, qui sont accueillis comme des libérateurs par les habitants.
Malheureusement, ceux-ci déchantent rapidement avec l’évacuation en 24 heures des villes vers les campagnes. Phnom Penh se retrouve vidée de sa population. L’organisation Angkar, dirigée par Pol Pot, impose des règles très strictes : retour à une vie simple et au travail manuel de la terre pour tout le monde. Durant cet exode, de nombreuses personnes meurent de faim et de maladies. Par ailleurs, la population n’étant pas habituée à ces méthodes d’un ancien temps, les récoltes ne sont pas suffisantes, et la famine fait rage.
S-21 : Tuol Sleng
Toute personne, ayant fait des études, est suspecte pour l’Angkar. Le simple fait de porter des lunettes ou de parler une langue étrangère est considérée comme un mobile d’arrestation. Les prisonniers sont envoyés dans des camps pour être « interrogés » (comprenez torturées). Le plus important de ces camps, la prison Tuol Sleng ou S-21, à Phnom Penh, édifiée à la hâte dans les murs d’un ancien lycée, a accueilli près de 15 000 personnes.
Sous le commandement d’un certain Duch, la prison a un système bien organisé. D’abord, une photo est prise de chaque nouvel arrivant, un dossier est constitué, un numéro lui est attribué et il est emmené dans une cellule où il est lié aux fers à d’autres prisonniers. Toute forme d’humanité est annihilée. Et c’est le début de l’horreur : séances de torture plusieurs fois par jour pour avouer des crimes farfelus. Car la seule issue possible sera d’être envoyé dans un camp d’extermination une fois le dossier « complet » avec des aveux signés.
Les tortionnaires sont des enfants entre 10 et 15 ans, plus faciles à manipuler, qui sont initiés aux méthodes de torture par Duch lui-même : noyade, électrochocs, fouet, et autres moyens plus barbares encore.
Personne n’est épargné : hommes, femmes, enfants, tout le monde est traité de la même façon.
La visite d’un tel endroit ne laisse pas indifférent et nous rappelle tristement que l’homme est aussi capable des pires horreurs, justifiées par des idéologies de quelques fanatiques fous-furieux.
Au marché
A deux pas de ce sordide lieu de mémoire, la vie continue pour les habitants qui, sans oublier le passé, envisagent leur avenir avec un formidable optimisme. Le commerce bouillonne autour du marché principal de la ville, qui regroupe alimentation, fleurs, et quincailleries en tous genres. Avec quelques restes de « French Touch », comme les cigarettes « Alain Delon », totalement inconnues en France, mais qu’on trouve ici un peu partout, avec la mention « le goût de la France ».
Nos essais culinaires
On découvre au marché de nombreux fruits asiatiques, que l’on s’empresse de goûter. Notre préféré : le mangoustan pour sa saveur si spéciale. On se laisse également séduire par les bières Angkor et Cambodia, et par d’autres spécialités : grenouilles grillées au poivre de Kampot, brochettes de bœuf au barbecue et Amok de poulet (sauce curry/noix de coco). Délicieux !
A bientôt !
Marjorie & Sylvain