On s’éloigne de la ville pour grimper dans les montagnes au nord-est de Mandalay à Hsipaw, petite ville en plein Etat Shan.
Les Shan sont la deuxième ethnie du pays, après les Birmans. Ils ont leur propre culture, leur propre langue, et même leur propre écriture. On ne pourra faire que 2 jours de trek, car il est dangereux de trop s’éloigner de Hsipaw en ce moment : les Shan sont en conflit armé avec une autre ethnie, les Palong. Surveillées de loin par l’armée nationale du Myanmar qui laisse faire, les armées de ces deux ethnies s’affrontent dans les montagnes, déplaçant des villages entiers.
Notre groupe est, une fois n’est pas coutume, 100% francophone avec Tiphaine et Laurent, un couple de français, et Louise, de Suisse. Sympa de pouvoir parler un peu français !
En plein cœur des rizières, on assiste à de joyeuses scènes de la vie quotidienne dans les villages que l’on traverse. Les labours des champs se font avec les buffles, qui sont les tracteurs locaux, même s’ils sont progressivement remplacés par des « buffles chinois » (de vrais tracteurs ceux-là, importés de Chine).
Les maisons sont principalement en bois, sur pilotis, avec les murs en bambou tressé. Il y a aussi de nouvelles constructions plus solides (briques ou parpaings). Les habitants travaillent dur en cette saison pour repiquer le riz dans les rizières, les joues enduites de Tanaka. Cette crème, obtenue en diluant la sève d’un arbre local avec un peu d’eau, aurait des vertus régénératrices pour la peau. Ce serait aussi une bonne protection solaire, et un baume nettoyant et anti-âge. Tout le monde, ou presque, en a le visage recouvert, à la campagne comme à la ville.
Pendant ces 2 jours c’était plutôt un soin « bain de boue » avec quelques centimètres sous nos chaussures. Et surtout, on n’a pas résisté à glisser sur un toboggan de boue improvisé !
Comme partout en Birmanie, la majeure partie des personnes que l’on rencontre portent le longyi, un grand morceau de tissu, noué autour de la taille, sur le côté pour les femmes et devant pour les hommes.
Durant cette escapade, nous avons pu aussi goûter à la gastronomie Shan, très savoureuse, avec notamment la Shan Noodle Soup, une sorte de Pho, mais avec des nouilles de riz gluant, et une sauce à base de cacahuètes. Miam !
Au détour d’un chemin, on aperçoit de nombreux pylônes électriques. Notre guide « Jack » nous explique que l’électricité produite dans la région est en totalité acheminée jusqu’en Chine (alors même que les villages alentours n’ont pas ou peu l’électricité), tout comme une liste de ressources naturelles puisées dans les sols du pays (gaz, minerais, pierres précieuses, teck, etc.), et dont les habitants du pays ne voient pas la couleur.
Ce pillage organisé par la junte militaire au pouvoir pendant 50 années, en direction des voisins Chinois et Thaïlandais semble cependant avoir été gelé récemment par « La Dame » : Aung San Suu Kyi, dès son arrivée au gouvernement. Mais le changement sera progressif, et il risque de passer encore pas mal de gaz dans les gazoducs avant que cette manne financière ne profite vraiment aux Birmans.
En attendant, on a croisé dans de tous petits villages des écoles flambant neuves, construites avec les subventions apportées par le nouveau gouvernement. Une preuve que le quotidien des « Myanmarais » semble bel et bien s’améliorer, on l’espère pour de bon.
A bientôt,
Marjorie & Sylvain