En passant

Trek entre Kalaw et le lac Inle

On file vers l’est de Bagan en minibus jusque Kalaw, une petite ville, ou plutôt un gros village perdu au milieu des collines verdoyantes à 1300 mètres d’altitude. De là, il est possible de rejoindre le lac Inle par un trek de 3 jours offrant de très jolis points de vue sur les champs et les rizières.

Kalaw

Dès notre arrivée, on fait un petit tour au marché, puis à la grotte « sacrée ». C’est un endroit très surprenant où les bouddhas entourés de lumières clignotantes sont posés dans des niches creusées dans la roche. Il y en a dans tous les coins et recoins, des gros, des petits, couchés, assis, debout, la plupart peints en doré. Un peu kitch, mais cette ferveur des croyants en devient attachante.

Le lendemain, on a de la chance : c’est ici que se tient le marché « spécial ». Il tourne tous les 5 jours dans une ville différente de la région. Toutes les ethnies des environs viennent y vendre le produit de leur travail dans les champs. Sachant que la majeure partie des habitants vit de l’agriculture, on y retrouve beaucoup d’effervescence et de dynamisme.

Pindaya

On se rend à Pindaya, dans les environs de Kalaw, pour découvrir une deuxième grotte remplie de bouddhas, encore plus grande et impressionnante. Pas moins de 8000 bouddhas sont disposés dans un vrai labyrinthe formé en partie par des stalactites. Les bouddhas sont souvent « offerts » en donation par des particuliers, qui rivalisent d’ingéniosité pour avoir le plus beau et le plus gros Bouddha. On a même trouvé une sorte d’Empire State Building rempli de petits Bouddhas.

Sur la route, un avant-goût des paysages agricoles que nous verrons pendant le trek : potiron, pomme de terre, maïs, blé, et surtout de très nombreux choux. Ça doit être la saison !

L’occasion aussi de découvrir la confection des ombrelles en papier, l’une des spécialités de la région, dont le savoir-faire perdure depuis des générations. Tout est fait à la main à partir de bambou pour l’armature, et de coton ou de papier Shan pour le dessus. On suit attentivement toutes les étapes de sa fabrication depuis le broyage de branches de mûrier jusqu’au séchage au soleil, en passant par l’incrustation de motifs floraux.

Trek

Et c’est parti pour 3 jours de randonnée à travers les collines : plus de 60 kilomètres à parcourir pour relier Kalaw au Lac Inle. On part directement de notre guesthouse avec une fine équipe composée de 9 français et 1 néo-zélandais (qui s’est senti un peu seul parfois…), et 2 guides dont un français en apprentissage.

Un super groupe, on n’a presque pas vu les kilomètres défiler, à force de discuter de voyages et de nos vies. La liste des endroits où on veut aller s’est encore bien allongée durant ces trois jours. Bon, pour l’Inde, on verra : il y avait les Pour et les Contre (enfin surtout LE contre, n’est-ce pas Arnaud ?)…

Notre chemin nous mène à la rencontre de plusieurs ethnies : les Pa-O (Karen noirs) avec leur turban jaune-orange, les Palaung et les Danu. On passe par des rizières inondées, soit en cours de labour par des buffles (tirant une charrue de fortune en bois), soit de plantation par des petites mains. On se balade à travers les champs de moutarde, gingembre, thé, poivron, aubergines, courgettes. Toni, notre guide du sud de la France a bien essayé de souffler la recette des beignets de fleur de courgette à notre guide birmane Wei-Wei, mais pas suffisamment fort pour qu’on puisse y goûter ce jour-là. Promis on essayera au retour !

On croise quelques buffles en train de patauger dans les rizières inondées mais attention, il ne faut pas croire que ces bêtes aux grands yeux noirs sont inoffensives (sentiment que l’on peut avoir quand elles se retrouvent les pattes en l’air pour prendre un bain de boue). En fait, si elles sentent le besoin de protéger leurs petits (déjà bien gros mais bon, là n’est pas le sujet!), elles peuvent vous foncer dessus. Alors on reste zen (ce que le Bouddha nous a appris), et on passe notre chemin rapidement quand elles commencent à souffler fort.

Les habitats sont très simples : maisons (plutôt grandes) sur pilotis avec des murs en bambou tressé, le toit généralement en tôle. Tout est bon dans le bambou ! chaque partie trouve son utilisation dans la cuisine, la maison, l’habillement, l’équipement (paniers tressés), etc.

La saison des pluies est déjà bien entamée, et par moment le sentier est vraiment très boueux, avec une surface en alvéoles façonnée par les zébus (les tracteurs de charrette locaux). Quelques glissades et fous-rires, mais pas de chute à déplorer !

Le pays s’est coupé du reste du monde, ce qui l’a maintenu figé à un niveau d’automatisation d’il y a plusieurs dizaines d’années. Le travail dans les champs est encore traditionnel et fastidieux ! Mais il en émane pour nous occidentaux une authenticité et un rapport direct au concret qui fait du bien. Et que dire des rencontres, parfois furtives : juste un bonjour dans la langue locale, un regard ou un sourire, mais à chaque fois un vrai plaisir partagé.

On arrive enfin au lac Inle. Est-ce la pluie qui nous accueille, les nuages gris qui rendent le lac un peu sombre, ou bien la fatigue de ces trois jours de marche ? Toujours est-il que notre première impression n’est pas aussi magique qu’on nous l’avait annoncée. Le lac ne se laisse pas aussi facilement apprivoiser. A suivre…

A bientôt !

Marjorie & Sylvain

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